Belle est un film de Mamoru Hosada (La traversée du temps, Les enfants loups, etc) dont la trame s'inspire librement de la Belle et la Bête (le rapprochement est un peu forcé avec le titre FR vu qu'en VO, c'est plus Le dragon et la princesse aux taches de rousseur). Suzu est une lycéenne un peu tristoune depuis le décès de sa mère. Elle retrouve confiance et joie de vivre en devenant Bell, une chanteuse adulée par des milliards de followers dans U, le metaverse local. Mais tout change quand un de ses concerts est interrompu par l'arrivée de Ryu, un avatar monstrueux qui ne vient sur U que pour taper, taper, taper.

La jeune fille va donc tenter de découvrir qui se cache derrière cette bête et si possible avant que la troupe locale de vigilantes ne débarque pour péter la gueule à Ryu (ça reste l'Internet, donc les gens continuent à se pourrir la gueule pareil, surtout si les gens sont différents).



Je dois avouer que j'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire, notamment parce que la backstory de l’héroïne n'est pas spécialement drôle et que l'animation des personnages est assez fluctuante. Je pourrais comprendre si c'était une vraie opposition entre monde réel (pale, froid avec des personnages avec des traits peu marqués) et le monde virtuel (coloré, chaud avec des personnages en cell-shading), mais ça ne colle pas vraiment vu que les décors du monde réel sont toujours extrêmement travaillés. Ca donne un peu l'impression que la boite chargée de l'animation des plans moyens a bricolé un truc qui ne s’intègre pas avec le reste (alors que l'animation des personnages en gros plan ne me pose pas de soucis). Il m'a également fallu un certain temps pour s'habituer aux proportions de Bell, mais comme c'est un avatar de monde virtuel tout est permis.

On retrouve pas mal des thèmes déjà explorés dans les films précédents de Mamoru Hosada, notamment sur la différence et la relation avec les mondes virtuels, avec certains passages qui sont limites de l'auto-plagiat (la phase "unissons nos capacités pour résoudre ce problème" comme dans Summer Wars). Mais le film arrive à apporter suffisamment de twists par rapport à l'histoire originelle, ainsi que de laisser suffisamment de fausses pistes pour que le dénouement final arrive à te coller un gros coup de poing dans les tripes, là où d'autres se seraient probablement contentés d'un happy ending où des gens se roulent des pelles avec des feux d'artifice en fond.

Ce n'est pas forcément un film que je vous recommanderais si vous êtes dans une phase un peu dépressive. Mais rien que pour la perméabilité entre ses deux univers (un peu comme dans le Paprika de Satoshi Kon, il faut voir et revoir Paprika) dont un bien coloré (qui met 100 - 0 à n'importe quelle vision technologique d'entreprise californienne) ça vaut la peine d'aller voir ce film.